[Interview] Le métier de maître-nageur sauveteur

Vous les retrouvez au bord des plages tous les étés, ce sont les maîtres- nageurs sauveteurs. Interview avec Pierre, MNS depuis 15 ans.

Partagez l'article

Vous les retrouvez au bord des plages tous les étés, ce sont les maîtres- nageurs sauveteurs. Interview avec Pierre, maître-nageur sauveteur depuis 15 ans.

[Idwane] Comment tu définirais le métier de maître-nageur sauveteur ? 

[Pierre] C’est un métier de passion. Les sauveteurs sont les “pompiers des plages”. À la seule différence que les hommes du feu sont dans l’attente des alertes, alors que les sauveteurs ont un rôle de prévention et sont les premiers à intervenir. 

“C’est un métier de passion”

On allie un métier avec du plaisir (être sur la plage au soleil, échanger avec les touristes, faire du bateau, du jet-ski…) et, lorsqu’une intervention se déroule parfaitement, on a vraiment la sensation de se sentir utile, d’être là pour sauver des gens. 

Par contre il arrive parfois que la personne décède. Et même si nous avons tout mis en place pour que ça n’arrive pas, cela peut arriver. Il faut donc s’y préparer.

[Idwane] Qu’est-ce qui est essentiel, à tes yeux, pour pouvoir être sauveteur ? 

[Pierre] Notre rôle est de prévenir et si besoin d’intervenir. En tant que chef de plage, je mets vraiment l’accent sur la prévention. Il y a toujours une personne au poste de secours (pour renseigner, faire des soins…) puis les autres sont soit en patrouille nautique (se balader en jet-ski ou en zodiac pour être près des baigneurs et aller voir les baigneurs éloignés) soit en patrouille pédestre (prévention avec les enfants pour inciter les parents à leur mettre des bouées si nécessaire). On ne peut pas tout voir du poste de secours, donc mieux vaut être au contact des plagistes pour intervenir plus rapidement.

“La prévention est ce qu’il y a de plus important, nous sommes en veille permanente”

[Idwane] Qu’est-ce qui te fait lever tous les matins ?

[Pierre] Je suis logé avec ma famille à 100m de la plage, en camping. Le matin, avant de prendre mes fonctions, mon petit plaisir est d’aller à la mer et de nager avec mon fils que je tire sur une planche. Puis je retrouve l’équipe de sauveteurs pour un briefing et nous allons chercher les embarcations. Aller au poste de secours en zodiac ou en jet-ski, ça c’est un réel plaisir !

[Idwane] Quelle est la plus grosse difficulté que tu aies rencontré dans ta carrière ? 

[Pierre] C’est un métier à risque, et il faut en être conscient. En 15 années de maitre-nageur sauveteur, j’ai eu 3 accidents.

Le premier, c’était un jour de gros marin (vent d’Est qui crée les courants et les grosses vagues), une semaine avant mon mariage, je vais chercher une personne prise dans un courant en train de se noyer. Je nage jusqu’à elle, et s’agrippe à moi comme si j’étais une bouée. Je me retrouve au fond de l’eau, surpris par la réaction, et du coup désorienté. Quand je remonte à la surface, à peine après avoir retrouvé mes esprits, la victime (je précise qu’elle faisait 120 kg) s’agrippe de nouveau. Sauf que cette fois ne me lâche pas et nous nous retrouvons tous les deux sous l’eau. J’essaye de me débattre et elle me libère seulement au moment où elle perd connaissance. Je suis épuisé, et j’essaye de la ramener au bord, mais avec le courant et une victime, je n’y arrive pas. Il aura fallu l’aide d’un autre sauveteur, et du filin tiré par toute la plage. La personne s’en sort bien, et n’a pas eu de séquelles. Par contre moi une grosse frayeur.

La 2ème fois, c’est que nous étions 3 sur un zodiac et le pilote a perdu le contrôle du bateau. Lui a pu rester à bord, mais nous sommes 2 à être tombés à l’eau. L’un est passé sous l’hélice et son bras à subi de multiples coupures graves au bras, et moi j’ai été récupéré à la surface sans que je me souvienne de quelque chose. Avec le stress de me prendre le bateau je me serais enfoncé sous l’eau afin d’éviter tout danger. Plus de peur que de mal, car je n’avais rien, juste un trou de mémoire.

Le 3ème accident, c’est passé lors de mes premières années. J’étais le plus expérimenté en jet-ski et mon chef de plage, un jour de grosses conditions de mer, m’a demandé de faire le crash test. Les conditions étaient telles que les zodiacs étaient sortis en remorque par la route. Je suis donc parti en jet pour voir si les 2 autres jet-ski pouvaient rentrer au port par l’eau. Malheureusement après plusieurs essais, je me suis envolé sur une vague, et je me suis fais éjecter. Sauf qu’à l’amerrissage je me suis pris le jet sur la tête. Heureusement que j’avais un gilet de sauvetage, car j’ai été retrouvé inconscient. Au final je n’ai pas eu grand-chose : des dents cassées et un déchirement musculaire.

[Idwane] Quel conseil donnerais-tu à une personne qui souhaite devenir maître-nageur sauveteur ? 

[Pierre] Mes 3 aventures ci-dessus ne sont pas très vendeuses, mais ce sont surtout des erreurs humaines. Le métier est passionnant, et le travail est bien rémunéré. 

Si vous souhaitez vous orienter vers ce métier, n’hésitez pas à nous contacter !

Plus d'informations à découvrir

Do You Want To Boost Your Business?

drop us a line and keep in touch